Il a tonné, oragé, tempêté et plu toute la soirée d’hier, et voilà que ça remet ça ce matin ! C’est le chemin qui me fait une grosse colère, puis de guerre lasse pleure de savoir que nous nous séparons ce soir. Mais « pluie du matin n’arrête pas le pèlerin » ! Voire même il le fait marcher plus rapidement… Il fait plus frais, et je suis moins tentée de m’arrêter sous la pluie. Je sors un peu du GR3 pour faire un peu plus de route. J’évite ainsi les chemins boueux et glissants et les branches tombées ces derniers jours sur le chemin. Je me dis aussi que si les orages devaient frapper fort dans la journée, je me résoudrais à faire du stop pour des raisons de sécurité météo… Mais je n’en ai pas eu besoin, je suis arrivée trempée et crottée à Cosne-sur-Loire mais à pied, et avec quelques timides rayons de soleil.
Ayant épuisé mes réserves (la veille, bravant la pluie, j’ai tenté une razzia au village mais tout était fermé !) je me réfugie dans la première pizzeria venue (en salle, maintenant qu’on a le droit) et je fais grimper mon taux de calorie à coup de Quatre saison, rouge et tiramisu. J’ai bien fait de choisir l’intérieur puisque la pluie reprend dès que j’attaque le repas. Je me sens dans un drôle d’état… un mélange de tristesse et de joie. Contente de retrouver bientôt la maison, mon compagnon, les amis, de reposer un peu ce corps qui m’a bien accompagné… Triste de rompre avec cette vie nomade, en immersion dans la nature. Une vie dépouillée, au plus près des besoins essentiels, et pleine de belles rencontres. Mais je ne suis pas tout à fait au bout de l’étape, et même si je suis un peu engourdie par la chaleur et la nourriture, même si je me verrai bien faire une petite sieste, je prends mon courage à deux pieds pour affronter les derniers kilomètres sous la pluie et terminer cette première partie de mon voyage en direction du Mont Saint Michel !
Et là, magnifique arrivée, les amis qui ont créer le Garage théâtre, il y a un an, sont en pleine répétition d’une lecture-spectacle « Les semelles de vent ». J’avais pour consigne de me glisser discrètement dans la salle en arrivant, pour que nous puissions nous saluer à la première pause. Et voilà que je suis saisie en arrivant par le texte ci-dessous lu par une des comédienne… j’ai failli en pleurer tellement c’était fort. J’ai savourer les 3h30 de répétitions auxquelles j’ai pu assister. Magnifiques textes, magnifiques comédiens, montage et proposition de mise en espace forts, simples… si je ne savais plus bien avant de partir où j’en étais de ce métier (entre le COVID qui a mis la culture en berne et les difficultés diverses à exercer ces métiers ) le chemin, comme une évidence, m’a ramené vers la scène d’une façon magistrale… je n’aurai jamais imaginé ce qui se préparait, en partant. merci la vie ! Je n’ai plus qu’à rentrer sereine! Je finirai ce périple plus tard, cette année ou la prochaine… Un seul petit regret, ne pas pouvoir assister à la représentation le 25 juin.