Ma première randonnée itinérante : le tour du Mont Blanc

Pour ma première expérience en matière de randonnée itinérante en autonomie, j’avais 14 ans. Des amis de mes parents, connaissant mon goût pour la marche, m’ont proposé de m’emmener faire le tour du Mont Blanc en 9 jours. J’étais excitée comme un cabri (l’image me parait plus appropriée que « comme une puce ») à l’idée de vivre une telle aventure.

Alors a commencé la course au matériel : il me fallait des chaussures adaptées à la montagne, un sac à dos assez grand, un duvet… Les grandes enseignes du sport n’avaient pas alors pignon sur rue. Et mes parents ne voulant pas investir des sommes astronomiques dans ce qui n’était peut-être qu’une lubie, mon équipement fut des plus hétéroclites.

Des chaussures en cuir prêtées par une connaissance et des chaussettes en laine tricotées par ma grand-mère. Le sac à dos de l’armée de mon père, dans lequel j’ai fourré une couverture, également de l’armée pour compenser la faible capacité d’isolation d’un duvet synthétique, un jean de rechange et des tee-shirts en coton, pull en laine, k-way, tapis de sol, gourde de l’armée (et oui, mon père était militaire…). Évidement tout cela n’était pas très compressible et pendouillait un peu partout. Mais j’étais très fière de ma tenue d’aventurière et prête à conquérir le monde.

Ah la belle inconscience de la jeunesse !

J’ai très vite compris que, malgré les éloges paternels sur la résistance du matériel militaire, l’armée n’avait jamais œuvré au confort de ses troufions et à la légèreté de son équipement… Au bout de quelques jours, je me suis retrouvée avec la peau à vif à l’endroit où l’armature en fer/cuir du sac frottait sur le bas de mon dos. Frottement amplifié par l’absence de ceinture au niveau des hanches. J’avais également les épaules en compote et un léger mal de dos.

Le jean (sans élasthanne) gênait l’amplitude de mes mouvements, rajoutant une force contraire à mon élévation tant physique que spirituelle. Le tee-shirt en coton, trempé aux premières sueurs, me glaçait délicieusement dès la pause. La nuit la couverture glissait sur le nylon du sac de couchage qui n’offrait plus de protection contre les nuits glaciales sous la tente en altitude. Le rhume qui s’en suivit n’a pas facilité ma capacité à l’effort lors des longues ascensions.

Quant aux chaussures, adaptées aux pieds de la précédente propriétaire, leur cuir rechignait à faire un effort pour les miens. Et tout l’amour que ma grand-mère avait porté à la confection des chaussettes n’a pas suffi à me protéger des ampoules.

Moi la mécréante, je me suis surprise à prier tous les jours Dieu et tous ses saints pour qu’il pleuve le jour suivant car c’est en bus que nous faisions les étapes de mauvais temps.

Par ailleurs le rythme de mes compagnons d’aventure était plus rapide que le mien, leur endurance plus grande, leur équipement mieux adapté (ce sont eux qui portaient tentes et popotes). L’avantage était que les premiers arrivés montaient le camp, et qu’une bonne âme revenait toujours à ma rencontre pour finir l’étape et porter mon sac. Je terminais les journées dans un état de fatigue extrême. Et je me levais courbatue, fatiguée, les nuits à la dure n’étant pas très réparatrices.

Au bout des 9 jours, j’aurais dû abandonner à jamais toute nouvelle tentative de randonnée itinérante. Mais, quelques années plus tard, me sont revenus les magnifiques paysages, la fierté de contempler tout en bas, minuscule, le dernier village traversé, l’ivresse de l’altitude combinée au bien être apporté par les endorphines….

Bref, je suis repartie. Et je partagerai avec vous, dans un prochain article, les conclusions que j’ai tirées de cette expérience pour que mes aventures ne soient plus des galères.

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